Mes expériences personnelles
Si je m’intéresse à la phobie et aux phobiques, c’est que j’en suis un expert, pour en avoir traité un certain nombre. Il y a 20 ans, alors que je faisait ma formation PNL , nous traitions des phobies et, comme à chaque fois, nous jouions le rôle de cobaye à condition d’avoir le problème. Je me souviens avoir servi de cobaye pendant toute la journée !
Je vous ai listé presque toutes les phobies dont je me suis débarrassé, je dis « presque » parce que j’en ai peut-être encore quelques unes qui ne sont pas assez contraignantes pour que j’en prenne conscience.
En effet, nous cherchons souvent à nous débarrasser d’une grosse phobie parce qu’elle nous empêche de vivre, mais nous laissons plein de petites peurs et phobies encombrer nos vies et une plus une plus une finit par faire une barricade dont on peut penser un jour qu’elle est infranchissable.
Cliquez ci-dessous sur celle(s) qui vous parle(nt) et vous découvrirez ce que j’ai vécu et ce que je vis maintenant.
Phobie des chiens
Cette phobie m’aura accompagnée environ 55 ans. De mémoire elle prend sa source en Algérie.
J’avais alors 5 ans et j’allais à l’école avec mes 2 frères et soeurs plus âgés que moi. Nous passions devant une ferme dans laquelle il y avait 3 gros chiens qui nous couraient après presque tous les jours et c’était à chaque fois une course folle.
Un dimanche, une tante était venue de France en visite et ma mère me proposait de venir faire une promenade avec elles du coté de la ferme. En présence d’adultes, ma peur était apaisée et je les accompagnais avec confiance. En arrivant à la ferme, les chiens sont sortirent et l’un deux mordit sévèrement ma tante au mollet (en le disant, je vois encore le bleu des crocs sur le mollet!). Inutile de dire que ce jour-là ma phobie n’a fait que se renforcer.
Un peu plus tard, j’étais revenu en france avec mes parents et nous regardions un feuilleton à la télé qui s’appelait Rintintin. Rintintin était un magnifique berger allemand qui, à la fin de chaque épisode, contribuait à l’arrestation des malfaiteurs et les maitrisait. Ils n’avaient jamais le dessus. Vous comprendrez aisément que pour un enfant déjà phobique, le renforcement était encore inévitable.
Pour moi, le chien était un danger ultime et s’il m’arrivait de voir un chien sans son maître dans la rue, je faisais demi-tour ou, au minimum, je changeais de trottoir la peur au ventre, le coeur battant et des sueurs froides. La 1ère idée qui s’imposait à moi était « il va traverser pour venir me « bouffer ».
Même si j’entendais un chien aboyer au loin, tous mes sens étaient en alerte.
Et puis, je me suis fait traiter.
J’ai vécu une période d’apprentissage très curieuse parce que, chaque fois que je rencontrais un chien, ma tête me disait toujours que j’étais en danger, mais je me rendais compte que je n’avais plus aucune réaction physique, c’était le calme plat dans mon corps, plus de palpitations, plus de sueurs froides…et cela m’encourageait à poursuivre mon chemin sans rien changer. J’ai fait des rencontres tout à fait étonnantes ou j’avais l’impression que c’était le chien qui me surveillait pour ne pas me croiser. J’ai donc en quelques semaines changé ma vision des chiens tout en gardant une prudence sans doute plus forte que les personnes n’ayant jamais eu peur des chiens. A cette occasion, j’ai quand même pu me rendre compte que même des personnes qui adorent les chiens peuvent parfois se méfier de certains spécimens agressifs.
Un jour, j’ai décidé de partir sur le chemin de Compostelle. J’ai décidé de partir seul et je me suis posé la question des chiens puisque j’avais lu pas mal d’histoires de pèlerins agressés. Je me suis dit que j’étais assez rassuré pour tenter l’aventure. J’ai parcouru 1715 km en 78 jours et j’ai rencontré quelques centaines de chiens sur mon parcours. (J’avais attendu 28 ans pour oser affronter les chiens)
Ma 1ère rencontre impressionnante s’est faite quelques jours après mon départ. Nous étions mi-mars, il ne faisait pas chaud et pas âme qui vive ni même dans les villages. A la sortie d’un village, au travers de mon état semi-méditatif, je perçus une forme sur ma gauche à moins d’un mètre et, le temps de réaliser, j’avais devant moi le type même du chien qui représentait ma plus grande peur, un grand chien noir. Comme d’habitude, je pensais à observer mes sensations qui n’avaient absolument pas changé malgré la présence du chien et tout en restant attentif à sa présence, je continuais sereinement mon chemin. Il m’a ainsi accompagné sur un bon kilomètre soit un bon quart d’heure et puis il s’en est retourné. C’était pour moi un vrai signe de guérison de ma phobie.
J’ai bien sûr eu plusieurs aventure avec des chiens, mais une particulièrement, qu’il me semble important de rapporter pour montrer vraiment l’effet du traitement de la phobie.
J’étais parti tôt de mon logement comme chaque matin, la nature se réveillait dans le calme. J’arrivais dans un petit village désert. Une seule petite route étroite le traversait avec d’un coté des maisons et de l’autre, des champs protégés par une barrière en barbelés.
Au milieu de la route, un énorme patou dormait. A mon approche, il leva la tête puis commença à grogner puis se leva lourdement puis vint vers moi en grognant plus fort. Je finis par le voir à 50 cm de moi, la gueule ouverte avec toutes ses dents bien apparentes. Avec le recul, je me dis que je n’aurais même pas avancé vers lui lorsque j’étais encore phobique, j’aurais fait même un long détour pour ne pas le rencontrer. Là, je n’étais pas rassuré parce qu’il était puissant, j’avais même peur, mais je n’étais plus phobique parce que je continuais à réfléchir et je restais maître de moi-même. Je mis mes deux bâtons en protection du coté du chien sans agressivité et je lui00 parlais doucement. Il m’accompagna pendant près de 100 m puis il a fit demi-tour. Je commençais alors à souffler en me disant que je m’en étais bien sorti lorsque soudain je l’entendis revenir vers moi au galop en aboyant et je repris ma position de protection en lui parlant à nouveau calmement et après quelques mètres, il finit par retourner se coucher. J’ai vraiment senti, ce jour là à quel point la phobie pouvait être limitante voire dangereuse et à quel point la peur maitrisée pouvait être un atout majeur dans la vie.
Phobie des serpents
L’origine visible de ma phobie des serpents remonte à mon enfance.
Nous vivions avec ma famille en Algérie, dans une grande maison avec un jardin.
Un jour, mon père nous appelle (les deux garçons) pour nous prévenir qu’il a vu un serpent qui s’est réfugié dans une descente de gouttière.
Nous restons à distance et le voyons mettre un journal enflammé au pied de la descente.
Dans les secondes qui suivent, une couleuvre d’un bon mètre cinquante sort en trombe et il la stoppe net avec une fourche.
Il met la bête morte en rond dans la bassine en tôle qui nous sert de poubelle.
Lorsque l’éboueur arrive pour prendre la bassine, il a un mouvement de recul et c’est mon père qui doit mettre lui-même le contenu de la poubelle dans la benne.
L’épisode m’a secoué mais la vie reprend son cours.
Le lendemain matin, je suis assis sur une marche qui permet de descendre le long de la maison et je suis donc assis à 50 centimètres de la descente de gouttière qui avait servi de refuge au serpent la veille.
Tout à coup, mon frère arrive en courant en me criant, « Guy, attention au serpent » et en même temps, je perçois le serpent à quelques centimètre de ma cuisse nue puisque je suis en short. Je sens alors une terreur immense m’envahir et je m’enfuis en courant.
Nous avions dans notre jardin une variété de sapin dont les branches ressemblaient à des longues queues de rat.
Mon frère en avait récupéré une, il l’avait attachée avec un fil de pêche et avait trouvé amusant de me faire croire qu’un autre serpent était là.
La conséquence de cet incident a été majeure parce que rien qu’à la vue d’un serpent en photo, dans un vivarium ou écrasé sur la route, je sentais en moi monter une peur panique.
Un jour, j’avais 45 ans environ, je bricolais dans ma maison et faisais des aller-retour entre la maison et le garage.
Au moment ou je sortais de la maison, (il y avait trois marches pour descendre) je découvris un petit serpent de 20 cm de long et 5 millimètre de diamètre environ au pied des marches.
Comme je cours toujours quand je bricole, par réflexe, parce que je ne pouvais plus m’arrêter sans atterrir au pied du serpent, je suis parti dans un vol plané de près de 2 mètres.
Evidemment, j’ai perdu l’équilibre en avant et j’ai couru pour essayer de me rattraper jusqu’au mur du garage en crépi contre lequel je suis venu m’écraser.
J’avais le front en sang et j’étais sonné.
Et puis je me suis fait traiter.
J’ai eu plusieurs occasions de tester l’efficacité du traitement de ma phobie, mais l’une d’entre elles m’a particulièrement interpellé.
Je travaillais à mon bureau et ma femme m’appelle soudain de sa salle de soin juste à coté. « Guy, viens vite, il y a un serpent dans ma salle ». Je me lève sans me poser la moindre question et la rejoint. Je ne vois pas de serpent et elle me dit « il s’est réfugié sous le meuble, il faut que tu le tire.
J’interroge alors mon corps (c’est la technique!) et je ne sens aucune émotion ou sensation particulière. Pourtant, la scène ressemble étrangement à la scène d’origine décrite plus haut. Je vais devoir m’accroupir sur le coté du meuble parce que je ne peux le déplacer qu’en le prenant tout en bas et j’ai toutes les chances que le serpent me jaillisse entre les jambes (là c’est la farce de mon frère). Je demande à une de mes filles d’aller me cherche l’épuisette de la piscine (j’en avais une à l’époque!), je m’accroupis, je déplace le meuble largement et j’aperçois la couleuvre enroulée sur elle-même (comme dans la bassine!).
Je prends l’épuisette avec ses 2 mètres de manche et je titille le serpent pour le faire bouger.
C’est ce qu’il fait et il trouve vite refuge dans l’épuisette.
Je passe alors l’épuisette par la fenêtre et demande à ma fille de la récupérer de l’autre coté.
Je fais le tour, reprends l’épuisette, porte le serpent au fond du jardin et le jette de l’autre coté du grillage dans un grand fossé.
Je retourne ranger l’épuisette, je remets le meuble en place et je reprends mon travail comme si de rien n’était.
Et là, je prends conscience du calme dont j’ai fait preuve dans cette situation alors que quelques années avant, j’avais eu l’occasion de tuer un tout petit serpent avec une pelle, j’en avais fait de la bouillie et j’en avais tremblé longtemps après l’événement.
Phobie du dentiste
Vous serez sans doute d’accord avec moi sur le fait que personne ne va chez le dentiste en se disant « chouette, je vais me régaler ».
Pour la plupart des personnes, le dentiste est un mal nécessaire et un mauvais moment à passer.
Pour moi, et je n’ai aucune idée de l’origine visible de cette phobie, le dentiste a toujours été la douleur ultime à fuir définitivement.
Il a fallu toute l’autorité de mes parents pour me donner les soins nécessaires jusqu’à l’âge adulte.
Lorsque j’ai été autonome, j’attendais toujours bien au-dela du dernier moment pour aller chez le dentiste.
Je n’en dormais pas la nuit précédente, j’étais très stressé les jours précédents et y pensais avec terreur plusieurs fois par jour (je veux dire même parfois plusieurs fois par heure).
Lorsque j’arrivais chez le dentiste, je le prévenais que je craignais beaucoup ces soins dentaires en espérant qu’il m’entende et qu’il fasse au mieux.
Bien entendu, il n’était pas dans ma tête ni dans mon corps et je subissais cette épreuve à chaque fois avec le maximum de stress et de douleur, compte tenu de ma crispation.
J’ai d’ailleurs pu tester la solidité des bras des fauteuil de dentistes parce que mes phalanges étaient blanches tellement je les serrais fort.
Et puis je me suis fait traiter.
Depuis, je vais régulièrement faire des contrôles, même si je n’ai pas de douleur .
Depuis, j’ai eu besoin aussi de me faire placer un implant et pour ceux qui connaissent, c’est un vrai chantier avec plusieurs rendez-vous qui ressemblent à de la mécanique automobile et une clé à cliquer.
Je parle de cette clé parce quelle est utilisée pour visser l’implant dans le socle préalablement installé et consolidé. Le vissage doit avoir un serrage spécifique et la clé est réglée pour cela. Lorsque le serrage est conforme, elle « lache » et on a l’impression que tout vient de « péter » dans la bouche.
Eh bien, malgré cet épisode stupéfiant, mon attitude vis à vis du dentiste reste sereine.
Je dors bien la nuit précédente, je dois vérifier mon agenda pour ne pas louper le rendez-vous parce que je ne stresse plus à l’idée du rendez-vous.
C’est devenu un mal nécessaire, comme pour tout le monde.
Phobie des piqures
Ma femme est infirmière.
J’ai eu un accident en montant sur une échelle pour visiter le grenier.
Je suis passé au travers d’une fenêtre et me suis entaillé les dessous des deux bras dont l’un plutôt profond. Le médecin m’a fait quelques points de suture et m’a fait une ordonnance pour un rappel de vaccin contre le tétanos.
Je n’ai pas apprécié la séance, mais tout s’est bien passé.
Le soir, ma femme prépare le vaccin et comme je lui demande comment je dois me mettre, elle me dit « reste debout comme ça, en t’appuyant sur la table de la salle à manger. »
Je m’exécute et sens à peine l’aiguille rentrer.
Heureusement, ma femme est une rapide parce que dans les 2 secondes qui ont suivi, je ne me suis pas senti bien et me suis retrouvé par terre sur le dos.
Il a fallu toute l’autorité du médecin rappelé en urgence pour me faire lever, tant je me sentais bien ainsi.
Je n’ai jamais pu regarder une aiguille entrer dans la peau sans avoir une sueur froide comme si c’était un film d’horreur.
D’ailleurs, j’ai bien vu la transition s’opérer parce que voir une aiguille entrer dans la peau dans un film est un phénomène relativement récent (peut-être 20 ans).
Avant cela, l’image se coupait juste pour ne pas montrer la pénétration.
Pour moi, les prises de sang étaient un calvaire, comme pour les rendez-vous chez le dentiste.
Une 1ère fois, lors d’un stage de formation, pendant une session sur les phobies j’avais servi de cobaye.
Il y avait un infirmier dans le groupe qui était allé chercher une aiguille stérile.
Après la séance, il m’avait proposé de tester et en testant, il avait fini par me planter l’aiguille dans le bras sans que je ne sente rien, ni l’aiguille, qui était très fine, ni le stress à la vue de l’aiguille.
Mais assez vite, la phobie est revenue
Et puis je me suis fait traiter.
Heureusement, parce que, depuis que les vaccins contre la Covid sont sortis, on peut voir des personnes se faire planter une aiguille dans le bras des dizaines de fois par journal.
Heureusement aussi parce que ces derniers temps, ma santé a nécessité des prises de sang régulières et comme pour le dentiste, cela ne représente plus que des rendez-vous parmi d’autres.
Pendant les prises de sang, je prends plaisir à regarder l’aiguille entrer dans ma veine, ressentir la petite douleur lors de sa pénétration.
A chaque fois, je me réjouis du chemin parcouru, ce qui renforce ce nouveau chemin sans phobie.
Phobie des araignées et insectes
Je n’ai pas de souvenir sur l’origine de ma phobie des araignées et des insectes mais j’ai un souvenir d’une situation qui avait mis mon père très en colère.
Nous étions dans le jardin et mon père avait fait appel à moi pour soulever une plaque de regard d’eau (sans doute pour vérifier le compteur).
Sans méfiance, j’ai commencé à soulever la plaque en même temps que lui, et tout à coup, j’ai vu une araignée avec des grandes pattes venir sur ma main.
Comme les phobiques s’en doutent, j’ai tout lâché dans un pur réflexe et la plaque est tombée sur le pied de mon père qui a, lui, laché un cri.
Il était furieux et je me suis vraiment senti un moins que rien de n’être pas capable, à mon age (je devais avoir une douzaine d’années) de maîtriser ma peur.
Je crois bien que le courage que je voyais chez mon père ne faisait que renforcer mon sentiment de lacheté.
Et puis, bien longtemps après, je me suis fait traiter.
Depuis, je ne suis toujours pas arachnophile et je n’ai pas monté un élevage de mygales, mais s’il m’arrive d’être en contact avec des araignées, j’ai comme tout le monde une fraction de seconde d’analyse calme de la situation avant de décider de ce que je vais faire.
J’ai le souvenir d’avoir vu ainsi un araignée sur mon épaule à quelques centimètres de mon visage et d’avoir simplement soufflé dessus pour m’en débarrasser.
Avant, lorsque je voyais une araignée et que j’avais un instrument suffisamment long pour ne pas risquer le contact, je massacrais rageusement la bête, à la hauteur de ma peur.
Phobie du noir
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une « peur bleue » du noir.
Lorsque j’étais chez mes grands-parents à la campagne et qu’il fallait descendre à la cave, j’étais mort de peur malgré des ampoules faiblardes qui éclairaient à peine et créaient ainsi autant de zones sombres.
Cette peur m’a poursuivi toute ma vie et même à l’age adulte, je ne serais pas descendu au sous-sol sans allumer la lumière.
Dès que le noir et même le sombre arrivaient, ma tête m’envoyait des pensées de danger imminent et chaque forme prenait des allures d’ennemi prêt à bondir.
Et puis, je me suis fait traiter.
Je n’ai évidemment plus de problème pour me déplacer dans la nuit et sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, je suis volontairement parti très tôt un matin, longtemps avant le lever du jour pour cumuler mes deux anciennes phobie, les chiens et le noir.
J’ai ainsi pu me rendre compte que les deux anciennes phobies n’étaient plus un obstacle à ma vie.
Phobie des médicaments
Pour moi, cette phobie des médicaments est même plus large puisque dès mon plus jeune age, je ne pouvais pas boire du lait avec la moindre parcelle de crème dessus. C’était le vomissement instanté. Idem pour un jus d’orange avec la pulpe.
Heureusement, j’ai pu passer une très grande partie de ma vie sans consommer de médicaments et me faire passer mon lait et mes jus.
Pourtant, lors d’un voyage au Sri Lanka pour adopter une petite fille, compte tenu de la situation sanitaire, il fallait prendre des pillules contre le paludisme. Ceratins d’entre vous doivent connaître, elle font 5 millimètres de diamètre et 2 millimètres d’épaisseur. Eh bien, c’était le vomissement assuré à chaque prise et j’ai vite arrété d’en prendre leur en préférant le paludisme! Par chance, je n’ai pas été infecté!
Plus tard, je suis passé à des gelules de compléments alimentaires ou à des cachets gros comme un bonbon et là, c’était un enfer parce que je voulais me soigner, mais le simple fait d’approcher la gelule de ma bouche provoquait d’abord un serrement dans ma gorge puis un réflexe vomitoire. Et pourtant, il peut m’arriver d’enfourner une cuillères de nourriture 10 fois plus grosse et de l’avaler « tout rond ».
Et puis, je me suis fait traiter.
Cette phobie m’a apporté une connaissance d’une partie de mon corps, ma gorge, et j’ai pu constater l’avant et l’après.
Au moment d’avaler la gellule, j’ai senti ma gorge s’ouvrir comme un pipeline, c’est à dire un gros tuyau rigide qui ne peut pas se refermer et la gellule passait sans même que je le perçoive.
Il m’arrive parfois de retouver une sensation de serrement de ma gorge, sans doute un vestige de mémoire logé dans un coin de mon cerveau, mais j’ai tellement fait l’expérience positive contraire que cela ne m’empèche même pas de prendre mes gellules sereinement.
Peur de l’autorité
On pourrait considérer qu’il ne s’agit pas d’une phobie, et pourtant…
J’avais un père autoritaire, d’abord parce que c’était dans son caractère, ensuite parce qu’il avait été élevé par une mère dans des principes qui avaient renforcé ce caractère naturel et aussi parce qu’il avait les croyances de l’époque sur la necessité d’élever les enfants avec beaucoup de fermeté.
Sauf que moi, je n’étais pas d’un catactère naturel autoritaire et que ce type d’éducation avait plutôt tendance à me rendre craintif. Ainsi, je n’osais jamais demander à mon père des autorisations mêmes importantes pour moi et cherchais des subterfuges pour les obtenir sans avoir à les lui demander (J’ai le souvenir de ma grand-mère qui me disait toujours « le « non » tu l’as, alors, va chercher le « oui »). Seulement voilà, la peur est très souvent plus forte que la raison et cela ne me donnait aucun courage pour l’affronter.
Les conséquences ont été importantes pour moi et c’est peut-être un des motifs qui m’on fait devenir thérapeute.
J’ai toute ma vie eu des difficultés à demander à l’autorité. Pour compenser, j’avais tendance à en faire beaucoup pour prouver ma compétence et obtenir une récompense sans la demander.
Par rapport à mon père, c’est lui qui m’a libéré de ma peur. Un jour, il m’a parlé du fils d’un de ses copains qui avait une quarantaine d’année (le fils!) qui se référait toujours à son père et il m’a dit « il y a quand même un moment ou un fils doit arréterv de dépendre de l’autorité de son père ».
Je pense qu’il ne s’est pas rendu compte à quel point il venait de me libérer et cela a été pour moi instantané. Dans mon rapport avec lui, jusqu’à ses derniers jours, il y a eu un avant et un après et c’est d’ailleurs pour cela que, contrairement à beaucoup de fils, j’ai pu vivre son départ avec beaucoup de sérénité et je continue à penser à lui avec beaucoup d’amour que je ressens parfois en retour.
Par contre, cette éducation avait eu des conséquences profondes et j’avais toujours un problème avec l’autorité. Tant que j’ai été salarié, mes patrons percevaient que j’étais corvéable à merci et ils en profitaient à plein. Même dans la vie courante j’étais plutôt quelqu’un de soumis, dès qu’un problème se présentait.
Et puis, je me suis fait traiter.
J’ai pu, ainsi, découvrir que je possédais en moi des ressources que la peur avait complètement masqué et je me suis découvert un autre homme qui avait des réactions nouvelles face à des situations similaires.
Mais ce qui est important à savoir, c’est que mes nouvelles réactions n’étaient pas le résultat d’une réflexion à propos des anciennes mais juste des réactions adaptées à la situation d’une manière naturelle.
Je suis maintenant capable « d’agir » en toutes circonstances avec le sentiment profond que c’est la meilleure action que je peux poser dans ce contexte.
Peur de parler en public
Pour parler de cette peur, je ne vais pas commencer par moi.
J’ai vécu en direct les conséquences d’une telle peur un jour de salon professionnel à Toulouse.
Je voulais assister à une conférence sur la qualité qui faisait partie de mes savoirs-faire et j’étais impatient de découvrir des choses nouvelles en écoutant ce conférencier qui semblait être un expert.
Celui-ci arrive avec un énorme classeur sous le bras.
Il le pose sur le bureau et l’ouvre pour en sortir des « Slides », ancètres des « Powerpoint ».
Il avait des gestes nerveux et jetait de temps en temps des regards inquiets vers les spectateurs.
Au moment ou il tire sur le levier un peu brusquement pour libérer les slides, le classeur est tellement plein qu’il se répand en une trainée de slides qui envahissent le bureau et finissent par tomber par terre en se mélangeant.
Nous assistons alors à une scène surréaliste.
Le conférencier regarde la marée de slides, nous regarde et tout à coup, descend de l’estrade et part en courant vers la sortie de la salle de conférence.
Nous n’avons plus jamais revu le conférencier.
Ma phobie n’a jamais été aussi grave, mais j’ai longtemps été très handicapé par cette peur de me produire devant un public.
La conséquence de cette phobie était une recherche de compensation pour équilibrer cette peur.
Comme notre conférencier, j’avais tendance à beaucoup écrire en sachant que le stress pouvait me faire perdre le fil de mon discours.
Il s’en suivait des interventions qui manquaient de spontanéité, ce qui nuisait à la qualité de mes interventions.
Et puis je me suis fait traiter.
J’ai alors retrouvé de la confiance en moi et j’ai pu me contenter d’une prise de notes très légère puisque je maîtrisai mon sujet.
Je n’étais plus hanté par les projections de difficultés et d’échecs que mon esprit créait mais simplement habité par le sujet que j’avais à développer.
Je pouvais ainsi faire appel à toutes mes ressources, j’appuyais mes exposés sur mon expérience au grè des informations qui surgissaient dans mon esprit et j’avais ainsi des retours trés positifs de mes interventions qui me régénéraient au lieu de m’épuiser.
Peur de l’inconnu
Tous les jours de notre vie, nous rencontrons des circonstances qui génèrent de l’inconnu.
Certains d’entre nous s’en réjouissent et cherchent même à le provoquer parce que c’est pour eux une source de de joie et de plaisir.
D’autres, voient dans l’inconnu plutôt une source de peur, de stress et d’angoisse.
Pour certains, cette peur fait partie de la vie et n’a que peu d’effet.
Pour d’autres, cela représente un véritable handicap parce que c’est chaque fois un nouveau danger à affronter sans aucune certitude d’en sortir vainqueur.
A une certaine époque de ma vie, par exemple, je vendais mes prestations de conseil aux entreprises.
Chaque appel était une épreuve parce que le risque était de me voir refuser un rendez-vous, ce qui était à chaque fois pour moi un échec.
Lorsque j’obtenais un rendez-vous et que je décrochais une commande, ma joie durait seulement quelques minutes parce que immédiatement me venait la question de savoir si j’allais pouvoir remplir ma mission correctement et dès que ma mission s’approchait de la fin, j’étais pris par l’angoisse du passage de la certification par l’organisme officiel qui allait valider ou non mon travail.
J’allais donc ainsi d’angoisse en angoisse qui me prenait beaucoup de temps et ce que j’aurais pu faire en une heure m’en prenait deux.
Et puis je me suis fait traiter.
Cette alerte qui, auparavant, m’handicapait et réduisait ma vie est devenue le déclencheur de l’action.
Dès que je sentais le prémisse de l’angoisse, c’était pour moi le signe que je devais agir. faire n’importe quoi, mais pas rester statique.
Dès la 1ère minute d’action, je suis maintenant branché sur « ce qui est à faire » et non plus sur « laisser une création mentale prendre de l’ampleur ».
La clé, qui est la même pour toutes les peurs et phobies est la sensation physique. Lorsqu’un prémisse de la peur ou de la phobie apparaît, il suffit d’observer les sensations présentes dans son corps. Lorsqu’on est débarrassé de sa peur ou de sa phobie, aucune sensation physique n’apparait, même si la tête nous rappelle que, dans ces circonstances, nous étions pris au piège.
C’est ainsi que nous transformons une peur ou phobie en mauvais souvenir puis en rien du tout puisque nous perdons même le souvenir que nous avons eu un jour cette peur ou cette phobie.
Mal de mer
Certains d’entre vous seront peut-être surpris de voir ce sujet traité dans les peurs et phobies.
Et pourtant, je me souviens que depuis mon plus jeune âge, la simple idée de monter sur un bateau ou dans une DS Citroën (qui avait des amortisseurs hydrauliques très souples qui faisaient « danser » la voiture) était un calvaire qui se terminait systématiquement par des vomissements.
Je ne pouvais rien me dire qui me soulage ou m’empêche d’être malade.
Et puis, un jour, j’ai fait la formation « TIPI » à Paris.
La salle de cours était proche de la Seine et le deuxième jour, l’idée vint à certain de manger sur une péniche.
J’informais Luc NICON (le promoteur de ce processus et notre formateur) de mon handicap et il me dit que c’était l’occasion ou jamais de tester le processus.
Nous arrivons au restaurant, montons sur la péniche, nous asseyons et commandons. Tout va bien parce que j’ai été occupé par les activités et je n’ai pas eu le loisir de trop réfléchir.
Mes collègues commencent à papoter et moi, je commence à sentir monter en moi cette nausée bien connue qui s’accompagne d’une tension dans le ventre, la gorge qui se serre, des sueurs qui commencent à poindre. Luc, qui est à coté de moi, me demande donc d’identifier toutes ces sensations et de les lui exprimer.
Il me demande ensuite de laisser ces sensations se transformer d’elles-mêmes, sans contrôle et sans a-priori et de lui dire comment cela se transforme.
Je me rends compte alors que mes sensations s’apaisent et disparaissent en quelques courtes minutes.
Commence alors une séquence surréaliste pour moi qui ai le mal de mer depuis toujours.
Je vois mon plat arriver, je le mange, je me régale, je ressens des sensations de balancement sur l’eau mais ces sensations restent paisibles et pas dérangeantes du tout.
Je suis donc ravi du résultat et de retour à la salle j’oublie l’épisode.
Il n’y a pas très longtemps, je faisais une sortie en mer avec un groupe en Espagne dont je suis géographiquement proche. Il s’agissait d’aller voir les poissons sous la mer.
Le bateau quitte le port et, assez vite, je vois les vagues monter et devenir plus fortes.
Nous sommes sur le pont et je commence à voir des gens en difficultés et sujets aux nausées.
Pour ma part, après observation de mes sensations, tout va bien.
Plus le temps passe plus de gens sont malades.
Malgré tout, le bateau va sur le site prévu pour voir les poissons et, arrivé là, propose aux passager de descendre dans le fond du bateau, équipé de parois en verre pour pouvoir voir le fond marin.
Je descend donc et vois des gens remonter à toute vitesse pour aller vomir sur le bastingage.
C’est vrai qu’en descendant, on est un peu pris à la gorge par des odeurs d’huile de moteur et de fuel.
Je descend magré tout et constate avec désolation que, malgré des apats lancés par les marins pour attirer les poissons, il n’y a guère que quelques spécimens éparpillés.
Il fait très chaud au fond de ce bateau et cela ne sent pas bon. Ca n’est pas agréable, mais pour autant, cela ne me donne aucune nausée.
Remonté sur le pont, à l’air libre, je peux alors profiter de l’air marin et de cette joie d’être complètement débarrassé de cette difficulté qui me faisait éviter toute sortie en bateau.
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